Homélie du premier dimanche de Carême


12 mars 2025

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C’était très clair avec la première lecture.

Moïse disait au peuple : « Lorsque tu présenteras les prémices de tes récoltes, (c’est-à-dire ton offrande), tu prononceras ces paroles devant le SEIGNEUR ton Dieu…

Dans toutes les religions du monde, on pratique des gestes d’offrande ; on ne s’étonne donc pas d’en trouver également dans la Bible. Mais ce qui est très particulier avec Moïse, c’est le sens qu’il donne à ce geste. Et la forme de ce texte le montre bien ! Moïse ordonne un geste d’offrande, comme on le fait ailleurs ; mais, pour lui, il s’agit d’une véritable profession de foi ! « Tu présenteras les prémices de tes récoltes… et tu prononceras ces paroles… » Suit tout un discours sur l’œuvre de Dieu en faveur de son peuple ; lequel pourrait se résumer en une simple phrase : tout ce que nous avons, tout ce que nous sommes, c’est le don de Dieu. Reconnaître les bienfaits de Dieu.

La gratitude qui alimente la flamme de l’espérance c’est d’abord cela.

Le juif pieux récite chaque matin cette prière (une famille juive m’avait donné ce petit livre de prière) : Sois loué, Éternel, notre Dieu, Roi de l’Univers, qui nous as sanctifiés par tes commandements. Sois loué, Éternel, notre Dieu, Roi de l’Univers, qui as créé l’homme avec sagesse et disposé ses organes avec intelligence. Tu savais Seigneur que tous ces organes, et les fonctions que tu leur as assignées, sont nécessaires à notre existence…

Pour se souvenir d’un bienfait, une merveille il y a comme trois étapes.

Reconnaître, reconnaître le bienfait c’est le passé, je me souviens… et je me souviens avec ma tête. Mais ce n’est pas suffisant, il faut aller jusqu’à :

Ressentir, être touché par l’émotion, c’est le présent… je me souviens avec le cœur, j’en suis encore presque ému. Ça me touche intérieurement. D’où un troisième temps

Remercier pour le bienfait en engageant une action, c’est le futur. Je vais écrire un petit mot pour lui dire merci, ou bien je lui dirai en allant le rencontrer. Ou encore le dire à Dieu dans ma prière.

Un exemple tout à fait étonnant que j’ai vécu cette semaine. Jeudi, j’étais aux Gardes au milieu de 160 personnes, et quelqu’un de Beaupréau vient me voir et me dit : « C’est bien à Beaupréau que vous avez célébré votre première messe ? » Surpris par sa remarque je fais un rapide retour en arrière dans ma tête, un retour de plus de 35 ans. Et donc je lui réponds : « Oui j’étais à Beaupréau et j’ai dû célébrer une première messe après mon ordination. »

Alors il me dit ce qui l’avait touché, mais vraiment, et il me rappelle en détail un aspect de cette fameuse messe d’il y a 35 ans ½. Il me dit son ressenti, encore ému comme si ça s’était passé hier.

Et il venait là, en 2025 pour me remercier d’un bienfait qui s’était passé en 1989. Pour de la gratitude c’est de la gratitude.

« L’homme ne vit pas seulement de pain », reconnaître, ressentir et remercier pour telle ou telle merveille c’est ranimer la flamme de l’espérance et c’est un vrai et beau chemin de Carême.

AMEN


https://www.aelf.org/2025-03-09/romain/messe