Nous connaissons cette icône que nous aimons appeler l’Icône de la Trinité
Nous connaissons cette icône que nous aimons appeler l’Icône de la Trinité. En réalité, quand vers l’année 1400 un moine russe, André Roublev, écrit cette icône il la nomme non pas icône de la Trinité mais bien l’Hospitalité d’Abraham.
L’hospitalité est bien le début de cette révélation. Et déjà nous pourrions évoquer Mambré, dont on évoque le chêne. Mambré est un habitant du pays de Canaan qui, à plusieurs reprises, a offert, justement l’hospitalité à Abraham dans son bois de chênes (près de l’actuelle ville d’Hébron). On sait que, pour les Cananéens, les chênes étaient des arbres sacrés.
Le lieu est donc un lieu marqué par l’hospitalité. Abraham avait donc établi son campement à l’ombre d’un chêne dans le bois qui appartenait à Mambré.
Et tout commence par l’accueil de ces trois personnages « ne passe pas sans t’arrêter près de ton serviteur. Permettez que l’on vous apporte un peu d’eau, vous vous laverez les pieds, et vous vous étendrez sous cet arbre. Je vais chercher de quoi manger, et vous reprendrez des forces avant d’aller plus loin. »
De la part d’Abraham, nous pourrions dire : c’est le top de l’hospitalité. Et le récit nous dira qu’en réalité c’est Dieu qu’Abraham a accueilli.
Marthe aura le même réflexe : « Jésus entra dans un village. Une femme nommée Marthe le reçut. »
Et nous connaissons bien ce que Jésus révélera un jour : “ j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli. ». Il ajoutera : “chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”
Je pense à l’hospitalité parce c’est la réalité de la paroisse catholique de Gaza. Seule église catholique de la bande de Gaza, l’église de la Sainte-Famille accueille environ six cents réfugiés, dont des enfants, depuis octobre 2023. L’ensemble paroissial, en plus de l’église, comprend également une école, un couvent, un centre polyvalent et un bâtiment des Missionnaires de la Charité. La majorité de ceux accueillis sont des chrétiens orthodoxes, des protestants et des catholiques, mais plus de cinquante enfants musulmans handicapés y vivent également avec leur famille.
Quand la folie de la guerre vient s’en prendre à une paroisse comme celle-là, c’est le cœur de la foi qui est visé. 17 juillet : trois personnes ont été tuées lors d’un bombardement de l’armée israélienne sur l’église de la Sainte-Famille à Gaza. Un bilan qui aurait pu être bien pire sans les avertissements du curé de la paroisse, le père Gabriel Romanelli, lui-même blessé.
Ignorer l’hospitalité c’est ignorer les plus beaux passages bibliques. Il suffit de se rappeler le Bon Samaritain lu dimanche dernier ? Ou encore l’auteur de la lettre aux hébreux dans le Nouveau Testament : « N’oubliez pas l’hospitalité, car, grâce à elle, certains, sans le savoir, ont accueilli des anges ».
AMEN