Personne ne doit plus se sentir abandonné
Notre temps de l’Avent nous invite à poser nos regards vers celui qui, à Noël, se fera pauvre. Un Messie pauvre dans une crèche.
Désormais « personne ne doit plus se sentir abandonné. » C’est ce que le Messie, qui s’est fait pauvre, viendra mettre en œuvre au cours de son ministère public.
Au début de sa vie publique, Jésus se présente dans la synagogue de Nazareth, on lui donne le rouleau du prophète Isaïe, et il va lire ce passage, celui que nous avons entendu avec la première lecture et en appliquant à lui-même la parole du prophète : « Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance »,… nous avons donc réentendu ce texte avec la première lecture.
Le pape Léon d’ajouter « Dieu s’est fait proche,… Dieu vous aime, même dans la pauvreté ou la faiblesse, personne ne doit plus se sentir abandonné. Et l’Église, si elle veut être celle du Christ, doit être l’Église des Béatitudes. »
« Celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, » dira Jean-le-Baptiste, avait-il deviné que cette force dont il parle se traduirait par les Béatitudes ?
Je pense à deux évènements qui le week-end prochain viendront illustrer cette vérité.
Tout d’abord le Jubilé des prisonniers.
C’est quand même osé que de dire que le Jubilé de l’espérance doit se vivre même dans les prisons. Le pape François a voulu que la célébration de cette année jubilaire invite toutes celles et ceux qui sont éprouvés à demeurer dans l’espérance. Celles et ceux qui sont en prison en font partie et ce 14 décembre a été retenu pour célébrer le Jubilé en détention. Beaucoup d’évêques rejoindront telle ou telle prison pour célébrer le Messie pauvre et redire que « personne ne doit plus se sentir abandonné. »
Le deuxième évènement aura lieu samedi : la béatification de cinquante martyrs, prêtres, religieux, séminaristes et fidèles laïcs morts en 1944 et 1945.
300 000 jeunes Français se sont retrouvés en Allemagne dans le cadre du STO, Service du travail obligatoire. Ces jeunes avaient entre dix-neuf et vingt-cinq ans. Il était hors de question pour les Allemands de leur donner une assistance spirituelle.
Des évêques français, en particulier le cardinal Emmanuel Suhard (1874-1949), archevêque de Paris, et l’abbé Jean Rodhain, initiateur du Secours catholique, ont porté le souci de ces jeunes. Ils vont mettre sur pied ce qu’ils ont appelé la “Mission saint Paul”, qui a consisté à envoyer des prêtres, des séminaristes, des religieux, des militants de l’Action catholique, des scouts, pour aller exercer un apostolat auprès des jeunes ouvriers déportés. Ces volontaires savaient en partant qu’ils y allaient sans aucune protection, pour un apostolat clandestin. Les choses se sont corsées lorsque le 3 décembre 1943 est parue l’ordonnance demandant l’élimination de tous ceux qui menaient une activité religieuse auprès des jeunes travailleurs civils français. Jean Lépicier de Feneu est l’un d’eux. Il se comportait comme un véritable animateur des réunions clandestines et des cérémonies religieuses. Il sera arrêté en raison de sa foi. Dans le contexte de la Seconde guerre que « personne ne se sente abandonné de Dieu. »
Oui, parce que Celui qui vient à Noël est un Messie qui se fait pauvre, désormais « personne ne doit plus se sentir abandonné. »
AMEN